La grande, sublime et incontournable Kyoto. Tellement qu’elle est devenu très (voire trop) visitée, au point que les riverains s’en plaignent et que le plaisir puisse presque en être gâché… L’ancienne capitale a évidemment sa place dans les 100 paysages de l’ère Heisei, et occupe même deux entrées. À la fois pour l’ensemble de ses monuments historiques, classés au patrimoine mondial, et pour le très célèbre quartier Gion, celui où geiko et maiko doivent désormais slalomer entre les touristes et leurs appareils photos. L’Histoire et la beauté des lieux demeurent, mais l’authenticité subit la très forte popularité touristique.
Cela semble tellement évident. Tout premier séjour dans l’Archipel “ne peut être complet” sans un crochet par Kyoto, l’ancienne capitale, l’emblème du charme japonais traditionnel et le lieu subtil par excellence – c’est en tout cas le conseil que donne la plupart (l’ensemble ?) des guides. Et les courageux qui osent ne pas céder à cette popularité – justifiée – pour se consacrer à d’autres lieux sont finalement assez peu nombreux.
Parce que Nippon100 s’est justement donné le but de présenter des lieux méconnus, alternatifs pour un voyage au Japon, nous aimerions vous donner le conseil de ne pas découvrir Kyoto pour un premier voyage. Car la touristique Kyoto s’apprécie et se comprend bien mieux, de notre point de vue, après avoir visité d’autres lieux du pays. La puissance des temples de l’ancienne capitale a besoin de points de repère et de comparaison.
En oubliant l’existence de Kyoto, un premier voyage pourrait amener sur des terres moins touristiques. Déjà, dans la même préfecture, du côté par exemple d’Ine ou de Ama no Hashidate; ou bien vers Kanazawa (préfecture d’Ishikawa), qui, comme Kyoto, a plusieurs quartiers Geishas ; ou encore pour aller à Matsue, qui est une autre ville de matcha et de cérémonie du thé ! Kyoto serait alors à découvrir à l’occasion d’un second voyage dans l’archipel.
Car la ville du Kansaï est évidemment incontournable. D’où sa présence dans la liste des 100 paysages de l’ère Heisei, et donc sur Nippon100 ! Deux aspects de Kyoto y sont représentés : l’ensemble dit des “Monuments historiques de l’ancienne Kyoto”, d’après l’inscription aux patrimoine mondial de l’Unesco, et son quartier Gion, mondialement connus pour être celui des geiko (geishas en dialecte local) et maiko.
Parmi les Monuments historiques, l’ensemble classé au patrimoine mondial de l’Humanité correspond à un panel assez large de bâtiments et jardins allant de Kyoto même à ses voisines Uji, et même Otsu dans la préfecture de Shiga. En tout ce sont 198 bâtiments et douze jardins répartis dans 17 éléments. Notre article ne vise évidemment pas l’exhaustivité !
Voici donc un petit panorama, non-exhaustif, qui commence par la visite du sanctuaire Fushimi-inari – l’un de nos favoris (certainement à cause des renards).
Parmi les autres sites classés, il est assez facile de sortir un peu des sentiers battus de Kyoto, en découvrant par exemple le Byodo-in, dans la ville d’Uji et dont la façade est représentée sur les pièces de 10 yen ! Le temple, tout aussi splendide, attire moins les touristes, et sa visite est bien plus reposante.
Sinon, pour une sortie à la journée par exemple, ne pas hésiter à rallier la préfecture voisine de Shiga pour découvrir l’impressionnant complexe d’Enryaku-ji – un ensemble de temples toujours inclus dans les “Monuments historiques de l’ancienne Kyoto” mais très peu visité.
Depuis quelques années, cette célébrité de Kyoto est telle qu’elle en devient presque un problème – notamment depuis le pic touristique atteint en 2015 de 56,84 millions de touristes. Dans les quartiers du centre, l’autre attrait incontournable de la ville, ce sont de drôles de panneaux qui en fait leurs apparitions.
Ils rappellent qu’il ne faut pas attraper une geiko ou une maiko qui passe dans la rue, entre autres. Ce qui ne va apparemment pas de soi pour tous les visiteurs. Une belle photographie reste néanmoins possible, mais en demandant poliment et en respectant la réponse – souvent un seul cliché pour ne pas prendre trop de temps.
Car l’autre attraction phare de Kyoto est – on ne le présente plus – le quartier Gion. Situées entre la rivière Kamo et le sanctuaire Yasaka, les quelques rues et ruelles qui y courent représentent sans doute le quartier geisha le plus célèbre du monde, d’où les panneaux mentionnés plus haut. Trois autres existent à Kyoto : Pontocho, Miyagawacho et Kamishichiken.
La célébrité de ces quartiers, et particulièrement de Gion est évidemment méritée avec les ruelles d’anciennes maisons de marchands en bois, ses nombreuses ochaya (maisons de thé) où geiko et maiko se rendent furtivement depuis leurs okiya (où elles résident) pour réaliser les performances artistiques typiques de leurs apprentissages.
L’accès aux ochaya étant très difficile pour le visiteur non introduit par un connaisseur, un bon moyen d’avoir un aperçu des arts subtils de Kyoto est d’assister à un des spectacles du Yasaka Hall au Gion Corner (3150 yen l’entrée). En une heure, on découvre à la fois la cérémonie du thé, une danse Kyo-Mai par deux maiko, quelques minutes d’arrangement floral, quelques notes de Koto, une performance Gagaku, une courte pièce comique Kyogen et un passage de théâtre de marionnettes Bunraku. Un très bon aperçu des arts classiques de Kyoto (et les photos sont autorisées).
Le mieux pour appréhender Kyoto restant peut-être de se balader tranquillement entre les temples et les quartiers célèbres, sans suivre un planning trop serré ou trop ambitieux de visites.
Comment s’y rendre ?
On ne saurait trop vous conseiller que de privilégier d’autres destinations, comme mentionné dans les paragraphes ci-dessus, surtout pour un premier séjour dans l’Archipel. Sinon, Kyoto est évidemment très facile d’accès. Plusieurs choix sont possibles depuis Tokyo, en shinkansen ou en highway bus.
Sur-visités, les sites majeurs de Kyoto sont particulièrement difficiles à supporter en été et au moment des couleurs de l’automne. En hiver, par exemple au mois de janvier, il est plus aisé de s’y balader si le temps le permet aussi !