Au nord de Kyoto, dans la même préfecture, une ville aux allures de port de pêche breton se fait appeler « la Petite Venise ». Sur la côté d’Ine, se trouvent les Ine no Funaya, des “maisons avec garages à bateaux” assez uniques au Japon. Les habitants ont presque les pieds dans l’eau. L’un des plus beaux villages du Japon offre un charme iodé et tranquille qui contraste avec la ferveur de l’ancienne capitale.
La ville d’Ine, à l’extrémité nord de la préfecture de Kyoto, ne se visite pas par hasard. Surtout avec la présence magnétique d’une grande sœur bien plus célèbre, à plus de 100 kilomètres au sud (et à une petite heure de bus d’Amanohashidate !). Pourtant, une fois arrivé à Ine no Funaya, l’effervescence de la belle Kyoto se fait vite oublier et fait place à un tout autre paysage, unique sur l’Archipel. Celui d’une côte aux maisons qui semblent flotter sur l’eau et aux bateaux de pêche plus nombreux que les voitures.
Au bout de la route, les “Ine no Funaya”
Le temps semble s’arrêter dans ce village de pêcheurs, membre depuis 2008 de l’Association des plus beaux villages du Japon. Un sentiment qui commence dès la route côtière. Là où l’on commence à coller son nez à la vitre du bus et à se perdre dans l’eau claire et le blanc du sable. Quelques kilomètres plus loin, parcourus tantôt sur l’étroite rue entre les maisons, tantôt avec vue plongeante sur l’eau, le bus dépose soit au premier embarcadère pour la navette touristique, soit tout au bout de la route.
Fraîchement débarqué, il n’y a guère que des mouettes et des rangées de Funaya fièrement posées sur l’eau qui accueillent le visiteur. Issues d’un mode de vie qui a commencé en 1700 les Funaya sont à la fois lieu de travail et de vie pour les pêcheurs. Au début de simples huttes en bois qui servaient de garages à bateaux, elles ont depuis évolué pour être aujourd’hui des maisons à un étage. Parmi les 230 que compte Ine, certaines datent encore de l’époque Edo.
Ine no Funaya utilitaires et familiales
Avec un premier niveau ouvert sur la mer, les Funaya permettent aux pêcheurs de garer leur bateau, faire sécher du poisson ou encore réparer leur filet. Le pêcheur et sa famille logent en général au premier étage. Une proximité avec la mer, quasiment les pieds dans l’eau qui peut faire penser à la lointaine ville italienne, même si l’ambiance générale du village de pêcheurs et son littoral découpé a plutôt des airs de côte finistérienne (et c’est une Bretonne qui le dit).
Classée Zone de préservation de bâtiments historiques majeure du Japon (Important Historic Buildings Preservation District) la ville d’Ine est un side trip reposant et ressourçant loin de la foule de visiteurs qui se bousculent dans les temples de Kyoto. Dans une région décrite comme le cœur du Japon et de ses traditions, le nord de la préfecture de Kyoto est l’objet d’une nouvelle appellation touristique depuis 2015, Kyoto by the sea, pour Kyoto littoral.
A Ine no Funaya à part les maisons/bateaux, peu de visites culturelles attendent le visiteur – si ce n’est la distillerie de saké Mukia Shuzo, tenue par la Japonaise Kuniko, d’ailleurs la première femme japonaise devenue maître brasseur (Toji). Le temps d’une promenade sur la rue principale, on peut jeter des coups d’œil furtifs entre deux funaya ou bien à travers un garage pour apercevoir la mer.
Les Ine no Funaya vues de la mer
Après cette rapide balade à pied d’une vingtaine de minutes (voire une heure le temps de longer tout le village !), le mieux reste de monter à bord des navettes touristiques pour un petit tour en mer. Une bonne occasion d’observer les cinq kilomètres de Funayas d’un point de vue marin.
La sortie en mer est aussi l’occasion de nourrir les mouettes et les rapaces (des milans noirs) qui accompagnent le trajet en vol stationnaire. En ce qui concerne les rapaces, si on redoute de tendre son bras, il est quand même bien spectaculaire d’observer leur dextérité en vol pour rattraper la nourriture lancée !
Comment s’y rendre ?
Accessible en voiture ou bus, Ine no Funaya clôture la route côtière d’un littoral dentelé bordé par quelques plages de sable blanc. Pour s’y rendre en train, on peut emprunter la ligne JR express Hashidate au départ de Kyoto jusqu’à Amanohashidate (attention : la toute dernière portion n’est plus JR : les porteurs d’un pass devront payer un supplément) puis prendre le bus local. Pour environ 3 heures de trajet au total. Au départ d’Osaka c’est la ligne JR express Kinosaki qu’il faut choisir, le reste du trajet est le même. En voiture, compter également 3h.
Pour en voir plus
Les informations disponibles en ligne sont quasi exclusivement en anglais et en japonais. On peut donc consulter le site de l’office de tourisme Ine Kankou, dont la mascotte représente d’ailleurs un Funaya ! Le site Matcha a également écrit un article suite à son passage à Ine no Funaya, dans lequel il conseille fortement d’essayer le logement chez l’habitant dans une Funaya.