Conduire au Japon n’est pas encore un choix si répandu parmi les millions de visiteurs qui rallient l’archipel chaque année. Pourtant, l’option peut se révéler très pratique pour explorer en profondeur une région, ne pas attendre les transports en commun ou s’embêter avec des valises, voire assez économique à partir de deux ou trois personnes. Nous l’avons fait à plusieurs reprises pour le projet Nippon100. Voici tout ce qu’il faut savoir !
De Hokkaido à Okinawa (où nous avions tenu un volant au Japon pour la première fois), Aurélie et moi avons conduit sur toutes les grandes îles de l’archipel, souvent dans des zones rurales, parfois mal desservies, mais aussi sur la bande côtière du Tokaido ou même à Tokyo !
Conduire au Japon permet d’entrevoir une autre facette du pays, ce qui nous a beaucoup plu à chaque fois.
Mais d’abord, alors que le JR Pass reste une option séduisante et économique, une question se pose :
Pourquoi conduire au Japon ?
Tous les gens que nous avons croisés et qui avaient eu l’idée de conduire au Japon ont été enchantés (mais n’hésitez pas à nous donner votre expérience, bonne ou mauvaise, en commentaire), et nous sommes à chaque fois tombés d’accord sur les points suivants :
- Conduire au Japon permet d’explorer le pays en profondeur, d’en découvrir une facette relativement différente de toutes celles que l’on peut entrevoir en train. Celle des stations-service, des petits restaurants de bord de route, des nombreux lieux absolument pas desservis et des « gares de routes » (les indispensables michi-no-eki, voir plus bas). Sans oublier des ryokan mémorables mais isolés.
- Conduire au Japon permet d’oublier toutes les contraintes d’horaires de bus et de train, et de vraiment explorer le pays en toute liberté.
- Conduire au Japon permet d’avoir plus de mobilité et de transporter facilement ses bagages. Sans avoir à les traîner dans les trains, dans les rues, pendant des correspondances (nous l’avons aussi expérimenté de nombreuses fois, parfois avec des bagages trop lourds et encombrants)…
- Conduire au Japon est une expérience plutôt facile et économique. Les coûts de location et de carburant ne sont pas particulièrement plus élevés que chez nous (même moins ?). Hors des villes, il est possible de se garer très facilement (parfois en payant quelques centaines de yens quand on est près d’un site touristique). En milieu urbain il faut utiliser les parkings payants. À plusieurs (même à partir de deux), cela vaut très rapidement la peine si l’on prend le temps de comparer avec les autres options.
Bien sûr, nous ne sommes pas en train de vous conseiller de conduire au Japon pendant tout le voyage. Cela entraînerait assez rapidement des coûts de péage élevés si vous prévoyez de parcourir de longues distances. Il vaut mieux louer une voiture pour une courte période (de 3/4 jours à deux semaines) et se cantonner à une région. Il est aussi possible de louer des vans aménagés – ce qui permet alors de réduire fortement les frais d’hébergement.
Par exemple, dans notre cas, nous avons loué des voitures :
- À Sapporo pour visiter Hokkaido, en été, puis à Kushiro, en hiver, pour visiter la région du marais et aller voir les grues.
- À Aomori pour circuler au nord de Honshu.
- À Tokyo pour faire une grande boucle au sud du Tohoku et vers Niigata, puis plus tard, toujours à Tokyo, pour un circuit autour de la préfecture de Saitama, notamment vers Nagatoro et les lycoris rouges.
- Près de Hakone, pour faire un long tour vers la préfecture de Shizuoka.
- À Kofu, pour explorer la préfecture de Yamanashi.
- À Wakayama, en février (et sans pneus neige suite à une erreur de réservation, mais nous avons eu la chance de ne pas en avoir le temps de notre location) pour explorer la péninsule du Kii dans les préfectures de Nara et de Mie.
- À Okayama pour ensuite faire le tour du Shikoku.
- À l’aéroport de Yamaguchi le temps d’explorer le plateau karstique d’Akiyoshidai.
- À Hakata pour faire le tour de Kyushu.
- Etc.
Avant de partir au Japon
Il y a une chose à savoir avant d’envisager de conduire au Japon pour les Français, les Belges, les Suisses, les Monégasques (ainsi que pour les Allemands et les Taïwanais), une traduction officielle du permis de conduire est obligatoire pour prendre le volant. Pour tous les autres, le permis international est valable au Japon (l’explication de cette particularité pas pratique est un imbroglio administratif vieux de presque 50 ans…).
Ce papier obligatoire est payant (3000 yens, soit environ 25€). En théorie, il est délivré par les bureaux de la Japan Automobile Federation après votre arrivée au Japon (en s’y rendant directement ou par correspondance). En théorie seulement, car heureusement, il est désormais possible d’obtenir ce sésame en France en passant par des agences de voyage. Moyennant une commission de quelques dizaines d’euros.
Une fois obtenu, le document a la même durée de validité que le permis d’origine, et permet de conduire au Japon pendant un an après chaque entrée sur le territoire (remis à zéro, donc, à chaque nouveau voyage au Japon). Vous pourrez donc le garder et n’aurez pas à le faire refaire à l’avenir.
Louer une voiture au Japon
Pour louer une voiture au Japon, là encore, rien de bien difficile. Nous avons essayé plusieurs services différents, tous au moins anglophones, principalement un comparateur japonais nommé Tocoo et l’un des leaders mondiaux du secteur, Rentalcars.com. Les interfaces évoluent vite, mais en l’état (2018), notre préférence va finalement au second pour sa simplicité d’utilisation (je découvre qu’il a aussi une interface en français). Les tarifs sont équivalents.
Dans le cas de Rentalcars.com, la confirmation de réservation est imprimée dans la langue de réservation et en japonais, afin de faciliter la lecture pour le personnel des agences. À ce niveau-là, nous avons connu toutes les situations possibles, depuis l’étonnement des employés (souvent), beaucoup de gentillesse, parfois un peu de crainte ou de panique.
Ces employés parlent rarement anglais, dans notre expérience, mais ils disposent de plus en plus de notices en anglais, voire d’une tablette présentant la conduite au Japon et/ou les dernières options à décider en agence (principalement la souscription d’une assurance). Avec l’augmentation du nombre de visiteurs étrangers, le protocole pour récupérer une voiture a tendance à se standardiser et des supports anglophones sont de plus en plus souvent présents.
Dans tous les cas, la barrière de la langue ne nous a jamais empêché de récupérer la voiture. En passant par Rentalcars.com, nous avons finalement essayé toutes les principales enseignes de location de voitures au Japon : Toyota Rentacar, Nippon Rentacar, Orix Rentacar, Times Car Rental et Nissan Rentacar. Les plus économiques, en passant par le comparateur, ont malgré tout souvent été Orix et Times.
Une dernière chose à noter : toutes les voitures sont équipés d’un GPS (voir plus bas), que le personnel configure normalement pour qu’il soit en anglais, quand les clients sont étrangers. La manip’ prend quelques secondes à peine, mais Nissan Rentacar la facture 1000 yens, à régler en récupérant la voiture. Comme nous avons fini par comprendre le truc, avec Aurélie, nous le refusions désormais pour le faire nous-même (puis plus tard laisser en japonais pour pratiquer)…
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Faut-il souscrire à une assurance complémentaire ?
Cela commencera au niveau du comparateur, puis ce sera l’enjeu des discussions avec le loueur au moment de récupérer la voiture : la souscription d’une assurance annulant tous les frais à la charge du client, en cas de problème. Dans les bureaux des loueurs, le personnel s’emploie à manipuler de grands tableaux montrant tous les coûts qu’un pépin représenterait afin de pousser à l’achat.
Nous n’en avons jamais pris, car nous avions réglé la location en ligne par carte bancaire, et l’assurance de cette dernière couvrait déjà toutes ces situations. Mais pensez bien à le vérifier au moment de réserver.
Nous avons pu l’expérimenter une fois, après avoir salement amoché une carrosserie dans une ruelle très étroite d’une station thermale (ci-contre). Il nous a fallu régler 70 000 yens de franchise au loueur au moment de rendre la voiture, mais nous avons finalement récupéré cette somme après quelques démarches auprès de l’assureur avec lequel travaille notre prestataire de carte bancaire. Mention spéciale, ici encore à Rentalcars.com, dont le service client nous a rapidement fourni tous les papiers nécessaires, en les demandant directement aux bureaux japonais de Times Car Rental.
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Conduire au Japon : mode d’emploi
Maintenant que tout le reste est réglé, place à la conduite !
Ici, la principale différence réside dans la conduite à gauche, en étant assis à droite de l’habitacle. Mais, en tout cas dans notre expérience, on s’y fait très vite. Toutes les voitures de location sont équipées de boites automatiques, ce qui facilite aussi l’adaptation. Après un quart d’heure de conduite concentrée, le cerveau arrive à compenser (tout est symétrique).
Ce qui facilite cela, ensuite, c’est que les Japonais sont globalement très polis, prévenants et patients au volant. Les limitations de vitesse sont basses, les routes (très rapidement étroites à la campagne) sont de bonne qualité, les marquages sont en majorité clairs et bien entretenus. Les panneaux correspondent aux standards internationaux et sont généralement en idéogrammes et en caractères latins : pas de soucis pour s’orienter.
Quelques petites choses à savoir, auxquelles on s’habitue vite :
- Les feux tricolores sont horizontaux et situés de l’autre côté des intersections, comme aux États-Unis.
- Les panneaux stop sont des triangles rouges pointant vers le bas sur lesquels est écrit “止まれ” (« Arrêtez-vous »), une inscription que l’on retrouve aussi sur le sol.
- Les vitesses officielles sont vraiment basses, et au final, les trajets peuvent être assez longs (en zone rurale/sauvage, il faut souvent compter 40~45km/h de moyenne, ce à quoi on ne croit pas au départ, mais au final, c’est bien le cas). Dans le détail, les limites sont : entre 30 et 50 km/h en zone habitée, selon les endroits, environ 60km/h sur les routes de campagne (l’équivalent de nos départementales + une partie des nationales) et autour de 100km/h sur la plupart des voies rapides.
- Les GPS embarqués sont précis, et indiquent même la voie dans laquelle se placer selon la destination. Ce sont de très précieux alliés. Une astuce très très pratique : il est possible de repérer sa destination en entrant son numéro de téléphone fixe (au hasard, celui d’un ryokan perdu au milieu de nul part, ou d’un musée, etc.).
Ensuite viennent tous les bons côtés qu’amène le fait de conduire au Japon mais auxquels l’on ne s’attend pas :
- Les stations services japonaises, qui permettent un véritable voyage dans le temps, à base de pompistes zélés venant se renseigner directement à la fenêtre de la voiture, puis faisant le plein pendant qu’un ou plusieurs collègues nettoient les vitres. Dans certains cas, le pompiste prend aussi le temps de demander s’il y a des déchets à jeter, et fournit un petit chiffon humide pour nettoyer le tableau de bord.
Vocabulaire utile : Regulaa pour demander le carburant classique, Mantan pour dire “le plein” et genkin pour dire “paiement en liquide” (très souvent la seule option possible). - Les michi-no-eki, littéralement « gares de routes », qui sont des cousines éloignées de nos aires d’autoroute, mais en beaucoup, beaucoup mieux ! Plutôt que d’être des copies conformes les unes des autres, ce sont à chaque fois de véritables vitrines du territoire, que l’on trouve sur tous les types de réseaux routiers (pas uniquement les autoroutes). Elles sont au croisement d’une coopérative agricole, d’une vitrine pour l’artisanat, d’un bureau d’information touristique et, souvent, d’un restaurant offrant une palette abordable des saveurs locales.
Conduire au Japon : un dernier conseil
Nous avons pu en utiliser un dans le Kyushu, mais des déclinaisons existent dans la plupart des régions : le Japon regorge de pass d’autoroute réservés aux visiteurs étrangers, sur le modèle des JR Pass régionaux. En général, ils permettent une utilisation illimitée du réseau autoroutier d’une région pour une somme forfaitaire. Comme pour le train, leur utilisation est très vite rentabilisée.
Cela permet aussi d’emprunter les files réservés “ETC” au niveau des entrées et des sorties d’autoroute (Sans pass, il faudra toujours emprunter la file où n’est pas écrit “ETC”, qui sera celle où l’on peut payer en liquide).
Dans le détail, voici les Expressway Pass, avec les liens pour plus d’infos :
- Japan Expressway Pass
Prix : 20 000 yens pour 7 jours ou 34 000 yens pour 14 jours
Zone couverte : Tout le Japon sauf Hokkaido, les aires urbaines de Tokyo et d’Osaka-Kobe ainsi que les ponts entre Honshu et le Shikoku. - Hokkaido Expressway Pass pour Hokkaido
Prix : de 3 600 yens pour 2 jours à 11 300 yens pour deux semaines - Tohoku Expressway Pass pour la région du Tohoku
Prix : de 4 000 yens pour 2 jours à 12 000 yens pour deux semaines - Central Nippon Expressway Pass pour la région du Chubu élargie jusqu’à Tokyo et Kyoto (sauf quelques autoroutes autour de Nagoya)
Prix : de 5 000 yens (2 jours) à 16 000 yens (2 semaines) - Sanin-Setouchi-Shikoku Expressway Pass pour l’ouest de Honshu et le Shikoku (sans les ponts)
Prix : de 6 000 yens (3 jours) à 13 000 yens (10 jours) - Kyushu Expressway Pass pour le Kyushu
Prix : de 3 500 yens (2 jours) à 11 500 yen (10 jours)