Très loin, tout au bout de Honshu, la préfecture de Yamaguchi héberge une curiosité naturelle qui attire de nombreux randonneurs japonais tous les été. Le plateau karstique d’Akiyoshidai, formé par l’érosion de roche calcaire, est un immense tapis vert d’où émergent des troupeaux de rocs gris. Et sous la surface du sol, près de 400 grottes se cachent, dont Akiyoshido, la plus grande du Japon et l’une des plus longues d’Asie.
Il faut rallier l’extrémité sud de Honshu, l’île principale du Japon, pour atteindre la préfecture de Yamaguchi, la dernière après celle d’Hiroshima et avant le Kyushu. Et côté 100 paysages d’Heisei, parmi ceux que nous parcourons pour Nippon100, la préfecture méridionale héberge deux lieux très différents : le pont d’Iwakuni, avec ses cinq arches successives, et le plateau d’Akiyoshidai.
Ce n’est pas évident en s’y promenant aujourd’hui, mais le deuxième, le plateau karstique d’Akiyoshidai, était bien un récif corallien immergé il y a 300 millions d’année. Puis les mouvements de la croûte terrestre l’ont découvert, et l’érosion calcaire a créé cette étendue verte unique, saupoudrée de rochers gris. Akiyoshidai est aujourd’hui un parc quasi-national japonais de 130 km².
Le parc se découvre facilement grâce à la bien nommée “route du karst”, qui traverse le plateau sur un peu plus de 7 kilomètres. Ici encore, la voiture est quasi-nécessaire : aucun train ne dessert le secteur, qui n’est sinon accessible qu’en bus (lire tout en bas). Pour se promener, plusieurs sentiers de randonnée serpentent dans le parc et permettent d’apprécier le paysage à perte de vue, si différent de ce que le Japon offre habituellement.
Avant de le visiter, nous avions déjà croisé un autre plateau de karst dans le Shikoku, sur le plateau de Tengu et l’un des trois plus grands du pays aux côtés d’Akiyoshidai. Mais la saison des pluies nous y avait rattrapés…
L’autre attraction d’Akiyoshidai ne s’aperçoit pas au premier coup d’œil. Car comme tous les plateaux de karst, le parc est creusé de très nombreuses grottes calcaires. Près de 400 en tout, dont une poignée se visitent. À commencer par Akiyoshido, à l’extrémité sud du parc, qui est la plus grande grotte du Japon.
Akiyoshido est un impressionnant tunnel de 8,7 kilomètres et large de près de 100 mètres à plusieurs passages. Un tronçon d’un kilomètre est ouvert au public, accessible aux deux extrémités ou via un ascenseur à proximité de l’observatoire d’Akiyoshidai, point de vue surélevé du plateau (1200 yen quelque soit l’entrée, 8h30 à 16h30 tous les jours).
La grotte d’Akiyoshido, célèbre au Japon, attire beaucoup de visiteurs les weekends et les jours de vacances. Ce qui peut donner une impression étonnante, de se retrouver nombreux à parcourir la grotte, avec beaucoup de visiteurs qui s’essaient au selfie-stalactite. Des descriptions audios en plusieurs langues, dont l’anglais, sont réparties à différents points d’intérêts.
Une autre grotte à visiter, bien plus calme et cette fois du côté nord du parc, Kagekiyodo (1000 yen, 8h30 à 17h15). Plus basse de plafond, elle permet d’observer tranquillement les chauves-souris, qui se faisaient déjà entendre à Akiyoshido, et qui passent ici en planant ou restent suspendues en bandes. La grotte est aussi célèbre historiquement, pour avoir servi de refuge au seigneur d’Heike Taira-no-Kagekiyo, après sa défaite à la bataille de Dan-no-Ura (1185).
Comment s’y rendre ?
Akiyoshidai se situe sur la commune de Mine, dans la préfecture de Yamaguchi. Des bus atteignent le parc depuis la ville de Yamaguchi (JR bus, 60 minutes, 1210 yen, 6 AR par jour, JR pass OK) ou depuis la gare Shinkansen Shin-Yamaguchi (Bocho bus, 45 minutes, 1170 yen, 7-9 AR quotidiens).
Pour atteindre Yamaguchi depuis Tokyo, il faut compter environ 5 heures de Tokaido Sanyo Shinkansen (environ 20000 yen) ou 1h30 d’avion depuis Haneda à l’aéroport d’Ube (à partir de 13000 yen avec Star Flyer). Sinon, Yamaguchi est rapidement atteint depuis Hiroshima, à 1 heures de Shinkansen pour 5800 yen – le pont d’Iwakuni est alors à mi-chemin.