C’est un peu la genèse du projet Nippon100. Nos premiers pas au Japon, de juin à décembre 2015, pour six mois de voyages et principalement de Wwoofing dans les quatre coins de l’archipel. Un premier voyage basé sur le volontariat qui nous a permis de découvrir la nature japonaise, de goûter des produits locaux (et souvent biologiques) et de nous immerger dans un quotidien rural et familial. Attention : s’essayer au Wwoofing au Japon peut donner envie de revenir dans le pays.

Premier article de la catégorie blog ! Car nous nous sommes dit que nos six mois d’expériences du Wwoofing au Japon pouvaient en intéresser certains. Car le bénévolat, principalement dans des fermes et parfois dans des cafés est une bonne manière de découvrir le pays, et de voyager longtemps sans trop dépenser… Nous parlons bien ici du Wwoofing (d’après Wwoof : World wide opportunities on organic Farms) uniquement : il existe d’autres structures comme Helpx ou Workaway mais nous ne les avons pas testées.

L’article est un peu long et regroupe surtout des conseils généraux ; vous pouvez retrouver le détail de nos six Wwoofing dans deux autre posts : “Faire du Wwoofing au Japon : expériences détaillées [1/2]” et “Faire du Wwoofing au Japon : expériences détaillées [2/2]“.

Ce qui nous a amené à faire du Wwoofing au Japon.

(Les infos pratiques sont juste après, n’hésitez pas à scroller :p)

Quand est-ce que tout cela a commencé ? Je ne sais plus ! Peut-être à la fin de l’année 2014. Quand on a réalisé que nos contrats de travail arrivaient à leur échéance et que cela faisait un moment qu’on voulait partir quelques mois, loin, pour voyager, faire autre chose que du journalisme.

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Nettoyage du wasabi à Utogi.

Janvier – Février 2015. Choix d’une destination. Pendant quelques temps on pensait à l’Inde. Dépaysant, abordable, et en plus avec la présence d’une amie sur place. Mais déconvenue en découvrant les contraintes pour obtenir un visa (temps, aller à Paris…). Aïe. On décide de changer de plan. Le brainstorming nous amène tous les deux sur le Japon. Et nous découvrons qu’il est possible d’y faire du Wwoofing, ce qui n’est pas si connu !

Mais au fait pourquoi le Wwoofing ? Bouche-à-oreille, des amis en ont fait en Nouvelle-Zélande, en Australie. Les retours sont souvent très bons : c’est une expérience unique, enrichissante et dépaysante. Et il faut mettre la main dans la terre. Exactement ce qu’on recherche pour notre expérience à l’autre bout du monde.

23 juin 2015. Première arrivée à Tokyo après un grand voyage, assez fatiguant. Premiers jours dans la capitale lointaine de l’Asie, grouillante, colorée et écrasante, en ce début de l’été 2015, déjà chaud et humide avec le début de la saison des pluies (Tsuyu). Finalement peu de temps pour vraiment se familiariser avec la ville et ce nouveau pays que déjà nous voilà partis en direction de l’Ouest et de la préfecture d’Aichi, pour atteindre la ville de Tahara (préfecture d’Aichi) et un premier Wwoofing.

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Faire du Wwoofing : de l’inscription aux premiers hôtes

Pour contacter les hôtes, tout se fait en ligne. Il faut d’abord s’inscrire sur le site officiel japonais de l’association, accessible ici en anglais. La démarche coûte 5500 yen (43 euros) pour la membership d’un an et s’accompagne d’un formulaire d’inscription. Il n’y aura rien d’autre à payer ensuite (et pour ceux qui veulent faire du Wwoofing plusieurs années de suite au Japon, les tarifs sont dégressifs année après année). Le formulaire est assez long car il servira de base à un profil de Wwoofer qui sera consultable par les hôtes.

Faire du Wwoofing, d’après l’association côté Japon, ne nécessite pas de visa particulier. Mais la loi japonaise est désormais claire sur ce point et considère le Wwoofing comme du travail, et n’est pas compatible avec un visa de tourisme. Le Wwoofing est donc plus adapté à un Visa Vacances travail (Working Holiday).

Pour rappel, le principe est le suivant : en échange de plusieurs heures quotidiennes de travail bénévole, les hôtes fournissent le gîte et le couvert. Néanmoins, dans tous les cas, Wwoofing Japan conseille de ne pas mentionner cette activité aux services japonais de l’immigration, car ce type de bénévolat est assez rare et pourrait être pris pour du travail dissimulé.

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Une fois inscrit, il est possible de se connecter pour accéder à tous les profils d’hôtes. Le site de l’association n’est pas le plus pratique (c’est un euphémisme), et oblige par exemple à revalider les conditions d’utilisation à chaque connexion… Mais une fois l’habitude prise, pas de soucis.

Une bonne partie des profils sont en japonais uniquement – ce qui est souvent le signe que l’hôte n’accepte que des japonais ou des voyageurs pouvant parler japonais. Mais beaucoup sont également en anglais. Ce qui fait qu’il est possible de faire du Wwoofing sans communiquer en japonais. Parmi les six que nous avons fait, les cinq premiers avaient des profils rédigés en anglais, et au moins une personne sur place parlait anglais (nous étions plus motivés pour le sixième : profil en japonais pour une vieille dame qui ne parlait que japonais ! L’idéal pour s’entraîner à la langue.)

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La recherche est géographique. Et les profils donnent toutes les infos, depuis le type de structure, sa taille, la composition de la famille, les tâches des wwoofers, la durée et la période pendant lesquelles l’hôte recherche un/des wwoofer(s), le régime alimentaire. Certains s’accompagnent de photos et beaucoup ont des commentaires d’anciens wwoofers – ce qui est un vrai plus pour se décider. Un bouton de contact permet enfin d’envoyer un message aux hôtes pour vérifier leur disponibilité et s’organiser.

L’association prévoit ensuite une fiche à imprimer, le permis wwoofer, qu’il faut normalement remettre à l’hôte en arrivant. Certains s’en soucient et la demandent, d’autres ne s’y intéressent absolument pas.

Conclusions et conseils sur le Wwoofing au Japon

En tout, nous avons fait six wwoofing différents, dans autant de régions du Japon (Aichi, Wakayama, Yamaguchi, Oita, Okinawa, Shizuoka). Tous se sont globalement bien passés. Seul le premier était un peu moins intéressant/agréable/sympa pour plusieurs raisons. Mais rien de très grave (voir plus bas la description détaillée des Wwoofing). Les bons moments des cinq autres compensent largement.

Nous sommes restés entre 5 jours et un mois dans chaque Wwoofing. Et 2-3 semaines nous parait être une bonne durée pour des voyageurs qui voudraient faire comme nous, et profiter de plusieurs sessions pour découvrir plusieurs régions. Un mois commence à être long, et comme il est difficile de savoir en avance comment sera l’hôte, il y a toujours un risque que le courant ne passe pas ou que le travail ne soit pas intéressant (ne pas hésiter dans ce cas-là à en discuter, et à partir si la situation est vraiment difficile !). Dans notre expérience, mis à part le premier, tout s’est très bien passé avec les hôtes.

Le Wwoofing au Japon n’est pas toujours de tout repos. Nous n’en avons pas fait ailleurs mais, en en parlant autour de nous, il apparaît que le Wwoofing au Japon est l’un des plus exigeants, avec des hôtes qui suivent à la lettre les règles de l’association. Là où ils auraient tendance à être bien plus souple dans d’autres pays. Donc le Wwoofing au Japon, c’est six heures de bénévolat par jour, avec un jour de repos par semaine. Quatre de nos hôtes s’y sont tenus rigoureusement, un autre les dépassait allègrement (mais nous étions au courant avant de venir et l’avions accepté) et un autre ne nous faisait quasiment pas travailler (mais c’était l’exception).

Un jour de repos par semaine veut bien dire six jours travaillés d’affilée. Ce qui fait que, dans la majorité des cas, il faudra rester au moins sept jours chez un hôte pour profiter d’un jour de congé. En dessous, il n’y en aura simplement pas… Et de la même manière, en restant une bonne dizaine de jours, il n’y aura qu’un seul jour de congé.

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Le travail est souvent physique. Beaucoup d’hôtes possèdent des exploitations agricoles, ce qui veut dire qu’il y a beaucoup à faire. Cinq de nos expériences étaient des fermes et nous avons eu l’occasion de, en vrac :

  • Désherber, à la main et à la machine, en serres comme en plein soleil.
  • Ramasser et nettoyer des milliers d’œufs.
  • Nettoyer de fond en comble des poulaillers (donc pas au balais, mais à la pioche).
  • Couper/scier des bambous sauvages.
  • Ramasser des mûres.
  • Arroser, ramasser, nettoyer du wasabi.
  • Enlever les mauvaises herbes de rizières (à plusieurs stades de la culture du riz).
  • Rassembler quarante vaches tous les matins pour les amener à l’étable.
  • Nettoyer quotidiennement une étable.
  • Nourrir vaches/chèvres/cochons/poules/lapins après avoir préparé leurs rations.
  • Travailler dans une serre, à désherber, rempoter…

Notre sixième Wwoofing était un petit café, et nous y avons fait la plonge, un peu de cuisine, dressé les plateaux, préparé des bentos, pris des commandes et fait du service en salle.

Mais à côté de cela, et c’est tout l’intérêt du Wwoofing, l’expérience nous a permis de faire de vraies rencontres avec plusieurs japonais, hôtes et wwoofers, avec qui nous sommes encore en contact. Et le travail a aussi ses à-côtés, qui sont de vrais moments hors des sentiers battus et souvent inestimables. En vrac :

  • Cuisiner français pour les hôtes (toujours très demandeurs), leur faire découvrir les galettes, le couscous et le soufflé de foie de volailles.
  • Visiter des paysages dont personnes ne nous avaient parlé.
  • Découvrir des spécialités japonaises, des bons produits, la cuisine familiale.
  • Aller dans des onsen au fond de la campagne.
  • Avoir un onsen dans son logement.
  • Profiter des matsuri locaux, y danser et même essayer de faire du taïko en public pendant le festival d’o-bon.
  • Visiter les coins alentours recommandés par les hôtes : le plus grand écho du Japon à Wakayama, un restaurant pirate à Yamaguchi, des gorges impressionnantes à Oita.
  • Boire des coups.
  • Porter le Yubei prêté par les hôtes.
  • Assister à un concert de Yukulele dans la nature.
  • Découvrir une maison gigantesque dans la forêt tropicale, où la colocataire de l’artiste potier était une araignée de la taille d’une main.
  • Conduire à Okinawa pour aller passer Halloween sur une base américaine.

Du côté des vêtements, plusieurs hôtes nous ont fourni des vêtements de travail, mais pas tous. Donc prévoir des vieux tee-shirts (manches courtes et manches longues)/pantalons pour le boulot. Tous avaient au moins des gants et des bottes pour nous. Pour le Wwoofing en saison estivale prévoir un chapeau au cas où il n’y en aurait pas (peut être acheter en combini).

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Petit matsuri d’été avec hanabi et taiko près de la ville de Wakayama.

Dernier ressenti : travailler bénévolement peut être parfois fatigant, physiquement et moralement. Après six mois, malgré tous les bons côtés et les souvenirs exceptionnels que l’on en garde, nous étions contents d’arrêter. Mais cela dépend du caractère de chacun. Le Wwoofing nous a en tout cas permis de voyager six mois dans l’archipel de manière économique. Et entre chaque hôte, nous nous prévoyions une ou deux semaines de voyage/repos.

Voir ensuite nos expériences détaillés : partie 1 et partie 2 (à venir).

Prologue

Au final, le Wwoofing au Japon nous a fait faire beaucoup de découvertes, évidemment. Avec un coup de cœur général pour la nature de l’archipel, sa faune et sa flore.

Et l’impression que le vrai Japon, celui qui touche au plus profond, n’est peut-être pas à Akihabara ni même vraiment dans les rues bondées de Kyoto. Mais ailleurs, dans la campagne inexplorée là où les habitants parlent naturellement aux voyageurs, où les bons produits ne manquent pas. Sans doute ce Japon de l’envers dont parlaient les profs d’histoire-géo au Collège.

C’est ce Japon qui nous a donné envie de revenir. Qui nous est apparu magique, peu raconté et peu connue des voyageurs. Et c’est celui-là que l’on a eu envie de vous faire découvrir avec Nippon100.

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