Tous les ans depuis décembre 1995, Kobe se pare de ses plus beaux atours pour une dizaine de jours. Une célébration scintillante, une fois la nuit tombée, qui est d’abord une commémoration annuelle du meurtrier tremblement de terre de Hanshin, début 1995, qui a durement frappé la cité portuaire raffinée. Kobe Luminarie est très connu au Japon et très couru, et il faut parfois attendre très longtemps les weekends pour pouvoir traverser les corridors de lumières. Une vue nocturne et saisonnière qui est l’un des 100 paysages de l’ère Heisei.
Comme une page qui se tourne et en plus tout en beauté lumineuse. Car le Kobe Luminarie et sa féerie scintillante était le dernier des paysages saisonniers et au rendez-vous bien précis avec le festival nocturne de Chichibu ou le Nebuta Matsuri d’Aomori. Des moments irrécupérables plus tard si nous n’avions pas été au rendez-vous.
Et puis, Kobe Luminarie était une bonne raison de repasser à Kobe, si près d’Osaka, si facile d’accès, avec de nombreux sites intéressants et une histoire riche d’influences, mais pourtant si peu mentionnée ! La cité est la moins visitée des villes connues, malgré un nom célèbre dans le monde entier. Et de par son histoire unique, si proche de l’Occident dès 1867 avec l’ouverture de son port à l’international, elle est la ville japonaise par laquelle le café, le pain, le golf et tant d’autres produits ou activités d’importation sont arrivés dans l’archipel. Elle est aussi depuis les années 1950 la capitale de la perle au Japon.
Mais Kobe Luminarie est lié à un autre pan de l’histoire de la ville portuaire, plus tragique. Les illuminations, organisées au cœur de l’ancien quartier étranger, sont une commémoration du tremblement de terre de Kobe, le grand tremblement de terre de Hanshin-Awaji, le 17 janvier 1995 à 5h46. Jusqu’à celui du Tohoku en 2011, ce séisme était la plus grande catastrophe de l’après-Guerre au Japon, avec plus de 6000 décès, 40 000 blessés et près de 10 000 milliards de yen de dégâts matériels.
Comme une symbolique de renaissance, et pour contrer l’obscurité qui avait suivi le séisme – sans électricité pendant une longue semaine hivernale, Kobe a décidé d’organiser ce festival de lumières dès le mois de décembre 1995. Ce qui en fait l’une des plus anciennes illuminations hivernales du Japon. Ce n’était pas prévu au début, mais le rendez-vous est ensuite devenu annuel.
Cette année, Kobe Luminarie était organisé du 8 au 17 décembre – des dates qui ne sont pas sans rappeler celles de la fête des Lumières à Lyon. L’événement se déploie depuis l’ancien quartier étranger du centre de Kobe, jusqu’au parc Higashi Yuenchi. Pendant plusieurs heures tous les soirs, de 18h à 21h30/22h, les rues alentours sont réservées aux piétons – plus de 3 millions chaque année – et la circulation est coupée.
Kobe Luminarie s’explore comme un grand corridor de lumière, littéralement car les illuminations ont un sens. La file d’attente commence près de Motomachi station sur la JR Kobe Line, puis serpente jusqu’à rejoindre les premiers éclairages peints. La foule est dense mais le mouvement est constant.
Les 200 000 ampoules peintes au cœur des installations, dès 1995, ont été données par le gouvernement italien. Et le parcours de Kobe Luminarie créé par des artistes italiens et japonais, dont Valerio Festi et Hirokazu Imaoka.
Comment s’y rendre ?
Kobe Luminarie se découvre depuis la gare de Motomachi, situé sur la JR Kobe Line. Mais l’ensemble reste accessible à pied depuis Sannomiya ou le parc Meriken. Compter une longue attente les weekends, et un délai plus raisonnable en semaine, surtout pour la dernière heure, de 20h30 à 21h30. L’ensemble se découvre ensuite assez rapidement, et plusieurs stands de nourriture permettent de prendre son temps et de se réchauffer.