Reflet du torii d'Itsukushima dans la baie de Miyajima

Il s’agit du premier classement de l’histoire du Japon. Les trois vues du Japon (ou « Trois vues classiques » ou « Trois plus belles vues », Nihonsankei en Japonais) sont trois paysages emblématiques de la période Edo (1603-1868), choisies par le lettré Hayashi Razan en 1643. Ce sont :

  • Amanohashidate, dans la préfecture de Kyoto ;
  • Le torii flottant de Miyajima, dans la préfecture de Hiroshima ;
  • La baie de Matsushima, dans la préfecture de Miyagi.

Retrouvez ici l’histoire des trois vues du Japon et un guide reprenant tout ce qu’il faut savoir pour les visiter.

Dernière mise à jour le 8 mai 2018.

Les trois vues du Japon : un peu d’histoire

Pendant la période Edo, alors que le pays est fermé au monde extérieur, les lettrés japonais peuvent désormais voyager dans le Japon unifié et pacifié. L’occasion pour eux de redécouvrir les charmes naturels de l’archipel, et de faire définitivement entrer en bonne place tous ces sites dans les arts nationaux.

Dans le Tohoku, notre région préférée, Hayashi Razan puis le poète voyageur Basho trouvent des références à même d’égaler (et de dépasser) les anciennes références de la littérature chinoise.

De notre côté, nous avons visité les trois vues du Japon en 2017, pour le projet Nippon100, car elles font toutes partie de la liste des 100 paysages de l’ère Heisei, c’est-à-dire les vues emblématiques du Japon moderne. Ce qui nous intéresse aussi, c’est que seul le torii de Miyajima est bien connu des voyageurs, bien plus que le Pont du ciel d’Amanohashidate et la baie de Matsushima.

Détails et itinéraires sur les trois vues du Japon

Voici tout ce qu’il faut savoir pour découvrir les trois sites les plus emblématiques de l’histoire des voyages dans l’archipel.

Vue générale de Amanohashidate. Vue générale de Miyajima. Vue générale de Matsushima.

 

1. Amanohashidate, ou le « Pont du ciel »

Télésiège monoplace sans barrière avec vue sur Amanohashidate.

Dans la préfecture de Kyoto, mais dans un recoin beaucoup moins visité que l’ancienne capitale impériale, la première des trois vues du Japon est une bande de sable de 2,5 km qui crée la mer Asoumi dans une impasse de la baie de Miyazu. Le « Pont du ciel » (la traduction littérale de ama-no-hashidate) est situé à deux heures de Kyoto ou d’Osaka.

Des points d’observations sont accessibles à chaque extrémité de l’étonnante bande de sable, qui se traverse facilement à pied ou à vélo. L’un d’eux abrite un parc d’attraction un peu défraîchi mais plutôt rigolo, le Amanohashidate Viewland, qui est accessible en télésiège monoplace et sans barrière (voir la photo ci-dessus).

Plusieurs sites sacrés sont également à découvrir, dont le sanctuaire Motoise Kondo qui détient un record : la famille de prêtre shinto qui y officie possède le plus vieil arbre généalogique du Japon – un Trésor national de 82 générations !

Le Pont du ciel et un pont de Amanohahashidate Viewland.

Promenade sur la langue de sable d'Amanohashidate

Deux visiteurs pratiquent le Matanozoki, la position classique pour observer Amanohashidate.
Le matanozoki est la position classique pour observer Amanohashidate.
Floraison à Amanohashidate. Plan des environs de Kyoto by the Sea.

Notre avis sur Amanohashidate :

La langue de sable, un tombolo en langage plus scientifique, est une vue vraiment inédite qui vaut le détour. Le voyage pour la découvrir est un day-trip agréable depuis Kyoto et permet d’échapper pour une journée à la foule ! Quitte à rallier le littoral de Kyoto, il ne faut pas oublier son autre trésor : les maisons-hangars à bateau d’Ine, les Ine-no-funaya que vous pouvez découvrir ici.

Ancienne représentation de la première des trois vues du Japon, Amanohashidate.
Il y a quelques siècles, au temps des lettrés, la première des trois vues, Amanohashidate, ne fermait pas encore sa baie.

Comment aller à Amanohashidate ?

Rallier Amanohashidate se fait en général depuis Osaka ou Kyoto. Mais même si la première des trois vues du Japon est dans la même préfecture que l’ancienne capitale, il faut tout de même compter deux heures de voyage.

Depuis la gare de Kyoto, il faut prendre la ligne JR Hashidate puis le Tango Relay en changeant à Fukuchiyama (compter 4700 yens en tout). Et depuis Osaka, il faut prendre la JR Kounotori et changer également à Fukuchiyama pour prendre le Tango Relay (compter 5580 yens). Ne pas hésiter à se promener à Fukuchiyama, une petite ville qui possède un superbe château.

Il est aussi possible de prendre le bus depuis Kyoto (à partir de 2600 yens pour 2h30 avec les bus de Tango Kairiku-kotsu, réservation possible en anglais par ici) ou Osaka (1870 yens depuis OCAT à Namba pour rallier Fukuchiyama, finir en train).

 

2. Miyajima et son torii flottant

Le torii d'Itsukushima dans la baie de Miyajima
Reflet du torii d’Itsukushima dans la baie de Miyajima

C’est grâce à l’île d’Itsukushima, plus connue sous le nom de Miyajima, que le Nihonsankei, les trois du vues du Japon, est connu des visiteurs étrangers. Sur place et dans la plupart des guides, les documentations touristiques mentionnent tous la référence classique (mais en évoquant rarement les deux autres). Pour les voyageurs qui vont à Hiroshima, la traversée à Miyajima est un incontournable qui permet de rencontrer les cerfs sika japonais (bien qu’ils soient en moins bonne santé que ceux de Nara).

Le torii flottant est une impressionnante structure autoportante, sans fondation, qui tient debout grâce à sa propre masse. Il s’observe depuis la côte à marée haute, et il est possible de s’en approcher sans se mouiller les pieds à marée basse : ce qui permet de découvrir des points de vue inédits sur l’immense portail.

Une vue inédite du torii flottant de Miyajima.

Des visiteurs devant le torii d'Itsukushima à Miyajima.

Le sanctuaire d'Itsukushima et Goju-no-to.

Un cerf sika à Miyajima.

Le torii flottant de Miyajima.

Notre avis sur Miyajima

Difficile de ne pas apprécier la deuxième des trois vues du Japon. Sauf peut-être pour une chose : le monde ! Le torii flottant est ultra-célèbre, et se retrouve sur l’itinéraire de la majorité des visiteurs qui découvrent l’archipel pour la première fois. Notre conseil pour mieux apprécier l’île sacrée et la vue : réserver une nuit sur place. Vous pourrez ainsi profiter du Miyajima en soirée et/ou au petit matin, quand il y a (relativement) moins de monde.

Cérémonie shinto dans le sanctuaire d'Itsukushima.

Comment aller à Miyajima ?

Miyajima est très facile d’accès depuis Hiroshima, ce qui explique aussi sa popularité. Pour se rendre sur l’île (Itsukushima), la plupart des visiteurs empruntent un ferry depuis le terminal qui se trouve à deux minutes de marche de la gare Miyajimaguchi, sur la JR Sanyo line, à environ 50 minutes de Hiroshima. La traversée dure 10 minutes (180 yens l’aller), et l’une des sociétés est en fait liée à JR (donc le ferry est inclu dans le JR Pass).

Certains bateaux font aussi le trajet direct depuis le port de Hiroshima (25 minutes, 1850 yens l’aller) ou bien depuis le parc du Mémorial de la paix (55 minutes et 3600 yens aller-retour).

 

3. Matsushima et ses centaines d’îlots épars

Panorama sur la baie de Matsushima avec les lumières du soir.

Représentation en 1898 par Yoshu Chikanobu.
Matsushima en 1898 par Yoshu Chikanobu (CC)

Dans la préfecture de Miyagi, la baie de Matsushima et ses 260 îlots couverts de pin est une destination ancienne du tourisme national, depuis qu’elle a été vantée par Basho. Malheureusement pour les locaux, le poète célèbre n’a jamais écrit de haïku à son sujet, mais seulement de la prose. Ce qui n’empêche pas de voir un poème apocryphe, qui lui est attribué à tort, un peu partout :

« Matsushima / Matsushima ! / ah! Matsushima »

Au-delà de la légende urbaine, la baie est un grand site sauvage (sauf autour du port central, envahi des signes du tourisme ancien, depuis un faux château-observatoire et de nombreuses boutiques de souvenirs), que la plupart des visiteurs découvrent en bateau. En embarquant par exemple pour la Basho cruise

La troisième des trois vues du Japon est également fameuse pour plusieurs temples, deux îles accessibles à pied, grâce à des ponts rouges typiques du Japon, et pour ses huîtres, comme Miyajima.

Un îlot avec un phare dans la baie de Matsushima.

Un îlot avec un phare vue depuis Tamonzan à Matsushima.

Un îlot de la baie de Matsushima.

Un ferry touristique s'approche d'un îlot de la baie de Matsushima. Plan de la baie de Matsushima.
Deux ponts rouges vers l'îlot d'Oshima.
Les ponts mènent à l’île d’Oshima, qui abrite le temple Zuigan-ji.
Une statue bouddhiste dans la nature.
Une statue bien cachée dans la nature luxuriante de Matsushima.

Notre avis sur Matsushima

La baie et ses îlots épars sont la dernière des trois vues du Japon que nous avons visitées, et nous étions plutôt impatients. C’est finalement l’un des seuls paysages qui nous a un peu déçu, peut-être justement parce que nous attendions beaucoup du dernier paysage du Nihonsankei. Le temps était brumeux, le site a bien changé depuis la période Edo (avec plus de béton et de rabatteurs touristiques, ces derniers étant pourtant plutôt rares dans l’archipel). Mais il faut y aller pour se faire un avis !

Coucher de soleil à Matsushima.

Comment aller à Matsushima ?

Matsushima se situe à environ trois quarts d’heure à l’est de Sendai, la ville principale de la préfecture de Miyagi. En venant de Tokyo en train, il suffit d’abord de la rallier en shinkansen (Akita ou Tohoku Shinkansen) pour ensuite prendre la ligne JR Tohoku jusqu’à la gare de Matsushima (trajet total : 3 heures et environ 11 000 yens, compris dans le JR Pass).

En voiture, le trajet dure 4h30 depuis Tokyo.

Pour prévoir son trajet en bateau en avance, la page de la compagnie qui opère les trajets (en anglais) est utile car, sur place, la documentation n’est qu’en japonais. C’est par ici.

Un îlot de pin vu depuis un bateau.
Vue sur la baie depuis un ferry touristique.

Conclusion sur les trois vues du Japon

Visiter l’archipel par le biais des classements est un très bon moyen de donner un sens à son voyage. Les trois vues sont un très bon début, car elles sont le premier top 3 national, d’un pays qui en a par la suite créer d’innombrables. Cela permet de découvrir deux vues encore méconnues des voyageurs étrangers et de s’immerger dans un Japon un peu différent de celui des itinéraires classiques.

N’hésitez pas à nous dire en commentaires quelle vue vous préférez, si vous avez déjà eu l’occasion de les découvrir (ou à partager/épingler cet article !).

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