Au beau milieu de la gare de Kayashima, à Neyagawa dans le nord-est de la banlieue d’Osaka, se trouve un majestueux camphrier âgé de 700 ans… Le réseau ferré s’est développé autour de son tronc et à l’ombre de ses branches, dans une rencontre inattendue entre le végétal et le ferroviaire. Une fois n’est pas coutume (!), voici une histoire d’arbre au Japon.
Vous n’avez peut-être pas encore remarqué mais nous adorons la nature et sommes en adoration devant les arbres…
Le Japon n’a fait que renforcer cette passion : durant nos voyages dans l’archipel, nous avons découvert beaucoup d’anciens par surprise, en ville, dans des sanctuaires, en pleine nature, etc. Puis nous avons cherché à provoquer ces rencontres. Ainsi nous avons fait des heures de marche pour le cèdre millénaire de Yakushima, et de nombreux détours en voiture ou en train pour arpenter tel ou tel entrelacs de racines (articles à venir !).
Au printemps 2017, un crochet d’une trentaine de minutes en train dans la périphérie d’Osaka nous a permis de découvrir le camphrier de Kayashima, un arbre plusieurs fois centenaire planté au beau milieu d’une gare. Ou plutôt, un arbre majestueux autour duquel la gare a été bâtie !
Pour l’anecdote, ces quelques jours dans la grande ville du Kansai étaient à l’origine destinés à la contemplation des cerisiers du parc du château d’Osaka. Nous sommes malheureusement arrivés un peu tôt dans la saison et avons vu davantage de pruniers que de cerisiers… et avons fait nos premières confusions quant à l’identification des deux arbres !
Des recherches plus approfondies sur la ville nous ont mené vers un article un brin étrange sur un arbre insolite au beau milieu d’une gare en périphérie de la capitale du Kansai.
La perspective d’un grand arbre, ancien et mystérieux, fut suffisante pour nous convaincre de nous y rendre (d’autant que Google Maps confirmait l’existence de l’arbre émergeant d’un toit ondulé, avec suffisamment de photos d’utilisateurs et les street views de l’endroit).
Deux sources anglophones nous ont ensuite raconté l’histoire de cet arbre en détail : les articles de Spoon&Tamago et de Matcha.
L’histoire du camphrier de Kayashima
Haut de vingt mètres et d’une circonférence de près de sept mètres, le tronc du camphrier de Kayashima dépasse du toit de la gare et se repère assez vite de l’extérieur. Sa frondaison se déploie majestueusement au-dessus, mais l’ensemble n’est pas des plus faciles à photographier.
À l’origine, l’arbre était seulement situé tout proche de la gare. Dans les années 1970, on se rendit compte que la petite gare créée il y a soixante ans frôlait ses limites. Un projet d’expansion fut donc décidé en 1972. Décision fut alors prise de couper le camphrier sept fois centenaire, malgré le fait qu’il était sacré et associé à un petit sanctuaire.
La population locale s’insurgea puis, comme le décrivent les deux sources présentées plus haut, des rumeurs de malédiction se propagèrent même. Un homme ayant coupé une branche aurait été pris une fièvre violente. Ou encore un serpent blanc (plutôt synonyme de chance, cette fois) aurait aussi été retrouvé près de l’arbre.
Les promoteurs du projet décidèrent donc d’incorporer l’arbre au projet, se composant entre autres d’une surélévation du trafic, de nouvelles voies. La gare était à l’époque de plein pied. Les travaux se terminèrent en 1980.
Le feuillage de l’arbre n’est seulement visible que depuis l’extérieur ou au plus près, depuis le sas vitré qui entour le tronc sur le quai. Ou bien en levant les yeux lorsque l’on se trouve précisément en dessous. En revanche, la base du camphrier se laisse approcher en dehors du bâtiment, par sous la gare.
Le petit sanctuaire dédié à l’arbre est toujours présent sous la structure (au niveau du collet du camphrier), à mille lieux de l’agitation du trafic ferroviaire. Celui-ci est précédé d’un torii et d’une paire de gardiens protecteurs, les komainu.
Comment se rendre au camphrier de Kayashima ?
La gare de Kayashima se trouve au nord-est du centre-ville d’Osaka, à Neyagawa. Elle est desservie par la Keihan Main Line, dont elle est la station n°16. Depuis les grandes gares du centre, il faut compter entre trente et quarante minutes, selon qu’il faille ou non effectuer une correspondance.