Yoshinogari n’est pas un site du Japon ancien et traditionnel. Donc sans temple paisible, ni torii rouge vermillon de sanctuaire, ni pavillon de thé. Le site historique, situé dans la préfecture de Saga, est en réalité bien plus ancien, car il permet une plongée dans la période Yayoi (300 av. J.C. – 300 ap. J.C.), mais n’a été découvert et exploré qu’à partir de 1986 ! Après les fouilles, décision a été prise de reconstruire une partie de l’immense peuplement de 40 hectares pour lui rendre l’aspect qu’il devait avoir il y a 1800 ans environ.
C’est un paysage de la liste bien plus ancien que tous les autres. Le parc historique de Yoshinogari est définitivement le doyen des 100 paysages de l’ère Heisei, étant le plus important site archéologique de l’archipel pour la période Yayoi (300 av. J.C. – 300 ap. J.C.). Mais malgré son étendue, le site du nord de Kyushu, dans la préfecture de Saga, n’a été pleinement découvert qu’en 1986 à l’occasion de travaux de construction industriels.
De son exploration a résulté une meilleure connaissance de l’ensemble de la période – Yoshinogari ayant été habité durant toute la période Yayoi, avec un pic de 1200 individus vivant dans l’enceinte fortifiée et de 5400 sur la totalité du territoire dont Yoshinogari était le centre.
Pour certains historiens – mais il y a controverse à ce sujet – Yoshinogari serait bien l’ancienne capitale du Yamatai, une région située dans l’actuel Kyushu et mentionnée par les chroniques chinoises de la même époque.
Aujourd’hui, les reconstructions qui ont été bâties d’après les fouilles, permettent une plongée dans ce Japon d’avant le Japon, avec une religion qui ressemblerait au futur shintoïsme, à l’époque des débuts de la culture du riz dans l’archipel !
Visite de Yoshinogari
Le site, tel qu’il était il y a de nombreux siècles, se divise en plusieurs secteurs séparés par des palissades et des fossés. Depuis le grand bâtiment de l’accueil, le premier secteur visité est l’un des plus fortifiés. Il s’agit de Minaminaikaku, reconnaissable à ses différentes tours de garde ainsi qu’à des bâtiments plus complexes et surélevés. Cet agencement, ainsi que l’abondance d’objets métalliques et précieux retrouvées pendant les fouilles, ont conduit à penser qu’il s’agissait de l’espace de vie d’une noblesse dirigeante et guerrière.
Parmi les habitations, un ensemble est encore séparé du reste, qui correspondrait à la résidence du dirigeant principal. À proximité se trouvent des bâtiments dédiés à la cuisine.
Toutes les structures se visitent – ce qui permet d’en apprendre plus sur le quotidien de ce Japon de l’âge de fer. De nombreux employés du site animent également des stands qui présentent l’artisanat, les techniques et les matériaux de l’époque.
Kitanaikaku est un autre secteur primordial, au nord du précédent. Il correspond au centre religieux de Yoshinogari. Le centre d’un culte lié aux ancêtres et à la nature, où étaient prises toutes les décisions de la communauté. L’alignement des bâtiments n’est pas laissé au hasard, dans l’axe précis entre le tumulus funéraire royal au nord, et le mont Unzen au sud.
La taille du hall principal, le seul bâtiment de l’ensemble de Yoshinogari qui possède trois niveaux, prouve l’importance centrale du culte pour la communauté de la période Yayoi. Pour nous, l’ensemble sur d’immenses piliers n’est pas sans rappeler les sites les plus anciens du shintoïsme, notamment le style Taisha-Zukuri, comme nous l’avions découvert à Izumo-Taisha (et en particulier la maquette de ce que devait être le sanctuaire à l’origine).
Une hypothèse qui est complétée par les portails de bois nu, surmontés de mystérieuses figures d’oiseaux, et qui ne sont pas sans évoquer les futurs torii emblématiques du Japon.
Dans l’alignement, au nord, se trouve la zone de sépulture de Yoshinogari, fermée au nord par le tumulus royal, où ont été retrouvés les jarres funéraires de quatorze dirigeants du site. L’une d’entre elles contenant une épée de bronze et de nombreux objets de valeur.
Entre ce tumulus et Kitanaikaku, près de 2000 jarres funéraires ont été identifiées, dans un long corridor de 600 mètres. Le mode de sépulture est unique, dans des doubles jarres scellées à l’intérieur desquelles les défunts étaient assis en tailleur. L’empilement reconstitué de ces jarres de terre cuite n’étant pas sans évoquer un ensemble de cocons.
Le site de Yoshinogari comprend enfin deux autres secteurs, en plus de bâtiments abritant expositions historiques et ateliers pratiques, comme le musée de l’ancienne forêt. Il s’agit de Kuratoichi, le principal secteur commercial du site, où étaient organisés les foires et les marchés, et Minami-no-mura, le “village du sud”, qui correspond à une aire d’habitation plus étendue et moins protégée, similaire à d’autres villages Yayoi retrouvés dans l’archipel, et où vivaient le plus grand nombre.
La disposition de cet espace au sud est un autre indice, après de nombreux autres dans les détails, de l’influence chinoise sur Yoshinogari. Elle suivrait ce concept très présent en Chine à cette époque, voulant que le nord soit supérieur au sud, et par conséquent réservé au noble, à la religion ou aux ancêtres.
Un bus gratuit circule sur l’ensemble du vaste site, dont les distances sont finalement conséquentes.
Si elle pouvait nous laisser un peu sceptique au départ, la plongée préhistorique s’est au final révélée passionnante, notamment grâce à un paysage reconstitué qui permet une vraie immersion dans ce Japon d’avant le Japon.
Comment s’y rendre ?
La gare la plus pratique pour accéder au parc historique de Yoshinogari est sans conteste celle de Yoshinogarikoen, à environ 10 minutes de marche (ou 700 yen de taxi) de l’entrée est, la principale.
Depuis Fukuoka, il faudra prendre un shinkansen jusqu’à Shin-Tosu puis un train local (35 minutes, environ 2000 yen, couvert par le JR pass) ou un train local directement depuis Hakata (840 yen, +/- 1h). En partant de Nagasaki, il faudra d’abord rallier la capitale préfectorale de Saga, avant d’attraper un train local pour la gare de Yoshinogarikoen (environ 2h en tout et 3500 yen).
Le parc est ouvert tous les jours de 9h à 17h, et jusqu’à 18h de juin à août. L’entrée ne coûte que 420 yen. Des explications en anglais sont disponibles sur le site, ce qui permet vraiment d’approfondir et d’en apprendre beaucoup sur la période Yayoi.