La prison d’Abashiri est un grand musée à ciel ouvert, qui permet de se plonger à l’époque du développement de Hokkaido, à la fin du XIXe siècle, tout en découvrant les conditions de vie des anciens prisonniers du grand nord japonais (dont le seul confort était le bain quotidien). Le seul musée carcéral du Japon leur rend hommage.

Bien avant de découvrir la banquise d’Okhotsk en embarquant sur un brise-glace à Abashiri, nous étions passés par la ville du nord-est de Hokkaido au printemps 2016. La neige avait alors presque entièrement fondu, révélant quelques haikyo, ces bâtiments abandonnés omniprésents au Japon, et leurs équivalents à quatre roues…

Mais Abashiri possède un ensemble de bâtiments antérieur à la majorité des haikyo. Celui qui forme la prison la plus au nord du Japon, un grand musée historique rendu interactif par la présence de mannequins figurant prisonniers et gardiens. Plusieurs bâtiments datant de l’ère Meiji (1868-1912) sont préservés.

Prison d'Abashiri

La prison possède aussi la sixième plus ancienne salle d’audience du pays (photo ci-dessus). Mais le clou de la visite reste les bâtiments de geôles d’origine, en bois, sur un plan en étoile copié sur celui de la prison de Louvain, en Belgique. C’est un plan de type Ducpétiaux, dans lequel une guérite centrale peut surveiller toutes les allées d’un coup d’œil.

Prison d'Abashiri - modèle Ducpétiaux
Une seule guérite d’où surveiller cinq couloirs (voir le plan ci-dessous).

Prison d'Abashiri - modèle Ducpétiaux

Histoire de la prison d’Abashiri

La prison d’Abashiri n’est pas qu’une simple prison. Elle a été le bras du développement de Hokkaido, et un puissant outil d’influence. Les 1200 prisonniers qui investirent la ville au printemps 1890 ont fourni la main d’œuvre qui a permis la construction des grandes routes de l’île. Le gouvernement japonais voulait alors affirmer sa présence sur Hokkaido, en plein jeu des nations, face à la Russie tsariste.

Prison d'Abashiri
La prison telle qu’elle était pendant l’ère Meiji.

Le chantier de la première grande route centrale de Hokkaido débuta en 1891, dans des conditions terribles. Les prisonniers étaient employés du petit matin au milieu de la nuit. Beaucoup succombèrent de malnutrition, du travail forcé ou à cause de l’hiver glacial. Le musée est aussi là pour leur rendre hommage.

Malgré toutes les privations, les prisonniers n’était pas privés de la plus japonaise des habitudes : le bain chaud quotidien ! Tous les jours, ils avaient chacun le droit à 15 minutes dans l’eau.

Prison d'Abashiri

Prison d'Abashiri

En parallèle du développement des routes, les prisonniers furent employés pour des travaux agricoles. La prison d’Abashiri possédait la plus grande ferme carcérale du Japon : elle produisait de la nourriture pour alimenter les autres prisons du pays. Un autre levier du développement de Hokkaido qui fut aussi une manière d’apprendre un métier et de nouvelles techniques agricoles aux prisonniers, avant que ceux-ci ne puissent les propager dans le reste de l’archipel à leur libération.

Prison d'Abashiri
Schéma simplifié de fabrication de la sauce soja (tel que le faisaient les prisonniers).
Prison d'Abashiri
La prison d’Abashiri telle qu’elle est aujourd’hui.

Une prison existe toujours à Abashiri, entièrement repensée en 2006. Un autre secteur du musée permet de le découvrir. Entre tous les bâtiments, le musée est aussi celui d’une nature apaisante, contrastant bien avec l’univers carcéral.

Comment se rendre à la prison d’Abashiri ?

Abashiri, via l’aéroport de Memanbetsu, est à 50 minutes de l’aéroport de Sapporo, ou encore en 1h50 de celui de Tokyo Haneda (entre 14000 et 47000 yens l’aller). Des vols partent aussi de Nagoya et d’Osaka.

Le musée de la prison d’Abashiri n’est pas à l’emplacement d’origine de cette dernière (il est encore occupé par la prison contemporaine) mais se trouve au pied du mont Tento, à l’extérieur de la ville. Des bus assurent la connexion avec la gare d’Abashiri.

Billet d’entrée à 1080 yens pour un adulte. Tarifs détaillés sur le site officiel.

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