Kasumigaura - Hobiki

Les navires Hobiki, ou hobikisen, sont une vue célèbre de la préfecture d’Ibaraki, quand ils naviguent sur les flots du lac Kasumigaura avec en fond le Mont Tsukuba – l’autre symbole de la région. Seuls bateaux utilisés pour la pêche sur ce lac, le deuxième plus grand du Japon, jusqu’en 1967, ils sont aujourd’hui une attraction touristique qui se découvre en saison, l’été et l’automne. Une vue inédite, à environ une heure de Tokyo, qui trouve sa place dans les 100 paysages de l’ère Heisei !

Pour nous, les majestueux navires Hobiki étaient l’une des vues les plus angoissantes – par rapport à notre projet de voir les 100 paysages de l’ère Heisei cette année. Car si leurs grandes voiles se déploient à seulement 1h10 de train au nord de la gare d’Ueno, dans la trop souvent délaissée préfecture d’Ibaraki, sur le chemin du Tohoku, ils sont une vue très saisonnière et aléatoire !

En fait, les hobikisen naviguent chaque année de juillet à novembre/décembre – c’est ce qui est écrit sur les quelques sites japonais qui en parlent. Mais ils ne sont de sortie que les samedis, dimanches et jours fériés, et seulement quand il fait beau – ce qui réduit déjà les chances de les apercevoir. Ensuite, ces beaux bateaux à voiles ne sortent que quand les conditions météo sont bonnes, avec ni trop, ni pas assez de vent. Ce qui réduit encore les possibilités.

De notre côté, nous avons sauté dans le train pour Tsuchiura, un dimanche matin ensoleillé tout début octobre, pour aller les découvrir. Après un rapide coup de fil à l’office du tourisme local pour vérifier que le vent était bon.

Kasumigaura - Hobiki

Kasumigaura - Hobiki

Kasumigaura - Hobiki

 

Les hobikisen sont une invention du XIXe siècle, au début de l’ère Meiji. Quand un habitant des rives du lac Kasumigaura, le second plus grand du Japon, s’était mis en tête d’améliorer les conditions de travail de ses collègues pêcheurs. Jusque là, pendant les siècles précédents, ceux-ci ramaient depuis Tsuchiura jusqu’à l’ouest du lac, pour se laisser dériver dans l’autre sens en traînant un filet – grâce au vent et au courant de l’océan Pacifique voisin.

Ryohei Orimoto a alors eu l’idée d’utiliser le vent pour la navigation, dans les deux directions, et pour traîner le filet (voir schéma ci-dessous). D’où cette grande voile devenue typique du lac ! Les bateaux Hobiki sont d’une construction complexe, et par conséquent difficiles à manœuvrer (mais un équipage de trois personnes suffit). Ce qui explique aussi qu’ils ne sortent plus aujourd’hui tous les jours.

Kasumigaura - Hobiki
L’explication de la silhouette des hobikisen. (Schéma du site de Kasumigaura )

Depuis leur introduction en 1880, et jusqu’en 1967, les hobikisen sans moteur ont été les seuls navires commerciaux du lac – à l’exception de quelques canots à moteur pour le tourisme intérieur au tout début du XXe siècle. La raison de cette longévité ? La volonté des pêcheurs locaux de ne pas défavoriser les plus pauvres. Comme l’expliquait Kakuji Sakurai, un pêcheur du lac décédé en 1988 :

“. . . nous trouvions donc injuste de diviser la pêche en deux classes d’hommes, certains dépendant de leur force uniquement, et d’autres s’appuyant sur des moteurs pour le même travail. S’équiper de moteurs était donc proscrit.” (dans Mémoires du vent et des vagues; auto-portrait d’un Japon des berges (Kodansha International, 2002) de Junichi Saga)

Kasumigaura - Hobiki

Kasumigaura - Hobiki

Kasumigaura - Hobiki

Kasumigaura - Hobiki

Kasumigaura - Hobiki

Mais le monde moderne a finalement eu raison de cette vision typique du lac Kasumigaura en 1967. Trois ans plus tard, les navires Hobiki ont néanmoins été réintroduits (certains avec des moteurs pour faciliter la démonstration touristique). Avec un double objectif : témoigner de cette vue désormais indissociable de l’identité locale, et développer le tourisme.

Il n’est pas possible d’embarquer sur les hobikisen durant leurs rares sorties. Pour les approcher, il faut passer par une rapide croisière de 35-45 minutes, qui va à leur rencontre. Une ou deux sorties sont programmées durant l’après-midi (samedis et dimanches uniquement), selon la compagnie, depuis quatre ports différents sur trois communes des bords du lac.

Kasumigaura - Hobiki

Kasumigaura - Hobiki

Comment s’y rendre ?

Les croisières qui s’approchent des bateaux Hobiki partent de quatre ports différents, à l’est et à l’ouest du lac, dans les communes de Tsuchiura, Kasumigaura et Namegata (deux ports possibles dans la grande ville de l’est). Sauf à Tsuchiura, où deux compagnies sont en concurrence et proposent deux horaires quotidiens, une seule croisière est proposée chaque samedi et dimanche quand les conditions sont bonnes.

Les périodes changent également selon les ports, jusqu’à début décembre dans le cas de Namegata mais toujours à partir de mi-juillet. Mais dans tous les cas, le seul port facilement accessible en transports en commun est celui de Tsuchiura, à environ une heure de la gare tokyoïte d’Ueno en utilisant les lignes JR Joban (compter environ 2000 yen). Et pour ce port-là, les croisières s’arrêtent mi-octobre.

Kasumigaura - Hobiki
Le Jet Wheel Tsukuba !

Tous les détails sur les périodes et la situation des quatre ports sont accessibles en anglais sur cette page (en bas).

Dans le cas de Tsuchiura, le port est à 5-10 minutes de marche de la gare. Deux options existent, naviguer avec le White Iris, dont l’embarcadère est situé un peu plus loin, ou avec le Jet Wheel Tsukuba qui a eu notre préférence (plus petit navire, une croisière un peu plus longue et un look rétro très chouette !). Compter respectivement 1500 et 1680 yen, et moitié moins cher pour les enfants.

Les deux navires s’approchent des Hobiki en début d’après-midi, donc essayer d’arriver à 13h au plus tard à l’embarcadère pour acheter les billets. Pas de réservation possible.

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