Au cœur de la péninsule de Shimabara, la zone du mont Unzen a plutôt un passé chargé ! Avec ses volcans meurtriers et une zone d’enfers utilisée pour torturer les chrétiens locaux aux premières heures du shogunat Tokugawa. Bien qu’aujourd’hui la puissance géothermique ne soit pas endormie, elle est assez surveillée pour autoriser de jolies balades sur les sommets de ce paysage évolutif, entre chemins broussailleux et vues plongeantes sur la ville et la mer. À ses pieds, les “enfers” d’Unzen Onsen fument toujours et alimentent désormais en eaux chaudes la ville thermale. Un coin de villégiature un peu vieillissant mais qui sent toujours bon le souffre, et dont le paysage embrumé ne nous a pas laissés indifférents.
Le yamagara (ヤマガラ) est une sorte de mésange qui se trouve autour du mont Unzen. Une zone bien peuplée en oiseaux si l’on croit les panneaux d’information parsemés dans le secteur des enfers. Près de 150 espèces y passent chaque année, dont 40 qui résident toute l’année.
La particularité du yamagara, avec sa poitrine brune, est d’être plutôt amical avec les humains ! Un trait de caractère que nous avons pu vérifier sur un petit chemin de forêt isolé et bien brumeux en direction du temple Mammyoji. Postés sous un arbre pour observer le responsable d’un petit chant aigü et joyeux, nous avons bientôt vu une troupe de ses congénères sortir de nulle-part et se poser un à un au-dessus de nos têtes. Une rencontre à la Cendrillon qui a le pouvoir d’égayer n’importe quelle journée ! Même quand le paysage brumeux et mystiques ne s’éclaire pas.
Ce paysage blanc que nous explorons au petit matin est celui de la zone du mont Unzen. Une zone composée de plusieurs volcans au centre de la péninsule Shimabara, elle-même située dans la préfecture de Nagasaki sur la grande île du sud-ouest du Japon, le Kyushu. Une zone volcanique particulière qui a trouvé sa place parmi les 100 paysages de l’ère Heisei et fait également partie du plus ancien Parc national du Japon – le parc Unzen-Amakusa, fondé en 1934. Toutefois, le mont Unzen a aussi la moins enviée des premières places, celle de la zone volcanique la plus meurtrière du Japon.
Deux événements majeurs ont donné cette réputation sulfureuse à la zone de Unzen. Tout d’abord l’éruption dévastatrice de 1792, qui provoqua le détachement d’un pan de la montagne, créant par la suite un glissement de terrain puis un tsunami dans la baie, et tuant près de 15000 personnes. Vient ensuite l’éruption de 1990 – moins impressionnante mais qui surprit fatalement 45 scientifiques et journalistes venus pour les premières coulées de lave en juin 1991 – qui dura cinq ans et changea encore une fois le paysage. Un nouveau pic, le Heisei Shinzan (“nouvelle montagne de l’ère Heisei”), est directement né de cette éruption, devenant alors le plus haut du secteur à 1483 mètres (contre 1359m pour le Fugen-dake).
Toujours actif mais bien plus calme de nos jours, le mont Unzen s’apprécie avec de nombreux chemins de randonnée. Et pour ceux qui voudraient découvrir plus rapidement l’étrange silhouette de ses pics principaux, dont le nouveau Heisei Shinzan, une courte promenade est accessible avec le téléphérique qui part du col Nita à 1100 mètres d’altitude, pour 1260 yen aller-retour. Départ au niveau de la station Myokendake.
Le téléphérique permet de découvrir une jolie vue toute orange sur les couleurs d’automne, qui vire au rose au printemps avec les nombreux azalées (Rhododendron Kiusianum) qui couvrent ce côté du mont Unzen.
Pour compléter le tableau, après une courte randonnée et avant de se détendre, un paysage à ne pas manquer, aux pieds du mont Unzen, est celui des enfers fumants qui permettent d’animer la station thermale d’Unzen Onsen. L’une des plus célèbres de la préfecture de Nagasaki, aux côtés de celles d’Obama située au sud-est et née de la même chambre magmatique.
Là-aussi, l’Histoire est difficile car la zone est celle de piscines d’eau bouillante où furent torturés de nombreux chrétiens locaux au moment de la répression qui les a touchés, de 1614 à 1640, au début du shogunat Tokugawa. Cet épisode est rappelé dans la zone au niveau d’une plaque commémorative.
Au cœur de la station thermale, tout près de la majorité des hébergements mais marquant déjà le début de la montagne, les enfers de Unzen se visitent, tout comme ceux de Beppu. La principale différence étant que ceux d’Unzen sont gratuits et beaucoup moins aménagés. Pas autant hauts en couleurs que ceux de Beppu, ils ont néanmoins l’avantage de présenter un ensemble cohérent, et sont tous situés au même endroit.
Entre les fumées blanches, deux ou trois comptoirs, bien entourés par les chats du secteur, proposent la dégustation d’œufs cuits grâce à la géothermie.
La balade dans les enfers serpente le long des différences piscines naturelles et formations inédites. Des panneaux explicatifs permettent de s’y retrouver et d’en apprendre plus sur les légendes locales et les caractéristiques des enfers. Ne pas hésiter à aller s’aventurer aussi vers le temple Mammyoji, de l’autre côté de la route principale, pour une autre balade plus intimiste et très mystique par temps brumeux. Ici avec la fin des couleurs d’automne !
Comment s’y rendre ?
Des bus réguliers, environ toutes les heures, connectent Unzen Onsen à la gare de Shibamara (50 min, 830 yen), à l’est, et à Isihaya (90 min, 1350 yen), côté ouest. Cette dernière ville étant la porte d’entrée la plus facile sur le secteur, puisque située sur les lignes JR entre les villes de Fukuoka et de Nagasaki. Les enfers sont au coeur de la station thermale, donc très faciles d’accès à pied, comme les établissements de bain.
Par contre le col de Nita et le téléphérique, à 15 minutes et 100 yen de péage de la station, ne sont pas évidents à rallier sans voiture. Une navette à 430 yen part trois fois par jour mais nécessite d’être réservée en avance… Il faudra sinon prendre un taxi (1800 yen) ou marcher une heure pour rallier le secteur.